Le cave se rebiffe

Le cave se rebiffe

Données clés
Réalisation Gilles Grangier
Scénario Albert Simonin
Gilles Grangier
Michel Audiard
Musique Francis Lemarque et Michel Legrand
Acteurs principaux

Jean Gabin
Maurice Biraud
Bernard Blier
Martine Carol
Françoise Rosay

Sociétés de production Cité Films
Compagnia Cinematografica Mondiale
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Comédie, film de gangsters
Durée 98 minutes
Sortie 1961

Série Max le Menteur

Touchez pas au grisbi
(1954)
Les Tontons flingueurs
(1963)

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

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Le cave se rebiffe est un film franco-italien réalisé par Gilles Grangier sur des dialogues de Michel Audiard, sorti en 1961.

Tiré du roman du même nom d'Albert Simonin, ce film est l'adaptation homonyme du deuxième volet de la trilogie de Max le Menteur[1].

Alors que Touchez pas au grisbi (1954) est une adaptation fidèle du roman noir écrit en argot par Simonin, Le cave se rebiffe, tout comme Les Tontons flingueurs, est traité sous l'angle d'une comédie dialoguée par Michel Audiard. Par ailleurs, ces trois films sont des adaptations indépendantes et ne présentent pas le caractère de trilogie des romans.

Synopsis

Charles Lepicard (Bernard Blier), un tenancier de maison close ruiné par une nouvelle législation, Lucas Malvoisin (Antoine Balpêtré), un notaire blanchisseur d'argent, et Éric Masson (Franck Villard), un jeune truand prétentieux, qui a contracté un prêt auprès des deux premiers (qu'il ne peut rembourser), décident de se lancer dans la « fausse mornifle » (ou « faux talbin ») : la fausse monnaie. Éric, le « grand con », pense qu'il n'y a rien de plus facile, car il est l'amant de la femme d'un graveur hors pair, Robert Mideau (Maurice Biraud). C'est un « cave », c'est-à-dire, dans le langage des truands, un être ordinaire, crédule et ignorant des pratiques et des codes du Milieu.

Les trois associés se rendent compte rapidement qu'ils ne connaissent rien au métier. Ils prennent alors la décision de faire appel à un expert : Ferdinand Maréchal (Jean Gabin), alias « le Dabe », qui s'est retiré au Venezuela. Charles s'envole pour le convaincre de se joindre à l'affaire. Le Dabe, après avoir hésité, accepte de s'occuper de l'affaire et revient à Paris, où il n'a pas mis les pieds depuis quinze ans, même si la police ne l'a pas oublié. Mais « le Dabe » ne tarde pas à s'en débarrasser.

Dès son arrivée, le Dabe prend l'affaire en main, avec une rigueur toute professionnelle et ne négligeant aucun détail. Il impose aussi son autorité et ses conditions financières, ce qui déplaît à ses trois associés. De plus, il a bien de la peine à supporter leur bêtise, leur maladresse et leur vanité. Inversement, il va apprécier de plus en plus Robert Mideau, avec lequel il se lie d'amitié et le met dans la confidence. Celui-ci ne se montrera pas aussi « cave » que prévu. Les trois associés tentent en vain de le rouler, surtout lors de la commande de papier passée par « le Dabe » auprès de sa vieille amie Pauline.

Alors que tout est prêt à être lancé, « le Dabe » retarde l'opération d'une journée pour éviter d'éveiller les soupçons, le lendemain étant le dimanche. Le jour du seigneur étant arrivé, Charles reçoit la visite de la brigade des moeurs qui le soupçonne (à tort) d'avoir rouvert la maison close. Cela oblige « le Dabe » à se loger ailleurs. Le lendemain, Robert lance l'impression. En fin de journée, « le Dabe » et les trois associés viennent chercher la « fausse mornifle » fraîchement imprimée. Mais ils découvrent que Robert est parti avec la fausse monnaie... non sans avoir largué sa femme. Remonté par cette entourloupe, « le Dabe » quitte ses associés (ruinés) en toute hâte et repart en Amérique du Sud. Il est accompagné par son ami Robert le « cave » (dont il était complice) ; désormais riches, ils ont fièrement réussi cette opération.

À la fin du film, les « auteurs » du film (Albert Simonin, Gilles Grangier et Michel Audiard) informent le spectateur que tous les protagonistes de cette histoire sont arrêtés la semaine suivante et condamnés à de la prison. La note se termine par une citation (faussement) attribué à Jean de La Fontaine : « Bien mal acquis ne profite jamais ».

Fiche technique

Distribution

  • Paul Faivre : Mathias, concierge
  • Gabriel Gobin : l'entraîneur hippique à Vincennes
  • Lisa Jouvet : une infirmière
  • Antonio Ramirez : l'entraîneur hippique à Caracas
  • Jacques Marin : inspecteur Larpin des mœurs (non crédité)
  • Pierre Collet : le chauffeur de taxi (non crédité)
  • Jean Moulart : le patron de l'imprimerie (non crédité)
  • Max Doria : un douanier (non crédité)
  • Claude Ivry : Lucienne, employée de Mme Pauline (non créditée)
  • Claude Achard : une serveuse à Caracas (non créditée)
  • Marcel Bernier : un chauffeur de police (non crédité)
  • Roger Lecuyer : un homme sur le bateau-mouche (non crédité)
  • Philippe March : le douanier vérifiant les devises à la fin du film (non crédité)
  • Pierre Vaudier : un serveur du bateau-mouche (non crédité)
  • Roland Malet : le vestiaire du bateau-mouche et un passager dans l'avion (non crédité)
  • André Auguet : un consommateur du bateau-mouche (non crédité)

Production

Préproduction

  • Deuxième collaboration entre Martine Carol et Gilles Grangier.
  • Nouvelle collaboration entre Jean Gabin et Gilles Grangier, un an après Les Vieux de la vieille.

Bande originale

Le trompettiste Marcel Lagorce interprète un des titres de la bande originale du film. Cette séquence instrumentale aux airs aériens, composée par Francis Lemarque et Michel Legrand (éditions Mondialmusic), est intitulée Cavatine[9] et dure un peu moins de deux minutes, quand Jean Gabin se rend sur l'hippodrome de Vincennes pour faire un tour de piste en sulky[9].

Lieux de tournage

  • Val-de-Marne :
    • Aéroport de Paris-Orly,
    • Joinville-le-Pont, quai d'Anjou,
    • Franstudio (studios de Saint-Maurice) - scènes d'intérieur du lupanar. L'adresse, 14 rue Verdoux, censée être celle de l'ancien bobinard occupé par Charles Lepicard (Bernard Blier), est purement imaginaire, cette voie n'existant pas à Paris. Lorsque Bernard Blier fait visiter ses « 17 chambres d'amis », celles-ci font par leur extravagances directement référence à celles du Chabanais : la chambre des glaces, le palais oriental, la baignoire à champagne en cuivre rouge. L'intéressé regrette d'ailleurs le bon vieux temps où il tenait l'établissement de la rue du Chanabais.
  • En régions :
    • La scène de la rencontre entre Jean Gabin et Bernard Blier, censée se dérouler en Amérique du Sud[12], fut en réalité tournée à l'hippodrome d'Hyères (Var) et sur la route désertique de l'Ayguade-Ceinturon vers le port de Hyères, Gabin n'ayant aucune envie de se déplacer à l'étranger.
    • Les autres scènes hippiques furent tournées à Vincennes et en Normandie. Habitant à Deauville, il fut plus que ravi de cette décision[13].

Références dans le film

  • « Ça, c'est du BSA extra piste[14] » dit Jean Gabin dans le film. Gabin et Audiard étaient des habitués du Vélodrome d'Hiver, avant 1939, et avaient connu cette grande publicité qui ornait la piste, vantant les mérites des roulements de la Birmingham Small Arms C°. Pour eux, c'était le summum dans l'excellence d'un produit.
  • À la fin du générique, apparaît un proverbe biblique faussement attribué à Jean de La Fontaine (« Bien mal acquit (sic) ne profite jamais »), ainsi qu'un très court texte ironique qui tient à nous expliquer que tout ce beau monde a été « naturellement » arrêté par la police[15].
Boeing 707 Air France.
  • L'affiche du film montre Gabin sortant de sa poche de poitrine des billets de 100 francs Bonaparte, alors que le billet contrefait[16], dans ce film, est celui de 100 florins néerlandais avec un portrait d'Érasme. Ce billet a été fait d'après une œuvre de Joseph Ferdinand (« Eppo ») Doeve.
  • Dans le film, le « Cave » (Robert Mideau) est invité chez Lepicard où le « Dabe » (Ferdinand Maréchal), pour tester ce graveur, a une discussion avec lui sur quelques-uns de ses prédécesseurs du XVIIIe siècle. Sont cités alors Nicolas de Larmessin, Moreau le Jeune et Louis Binet[17].
  • À la fin du film, Ferdinand Maréchal et Robert Mideau s'envolent à bord du premier Boeing 707 d'Air France, baptisé « Château de Versailles »[18] et immatriculé F-BHSA. Le , deux mois avant la sortie du film, le même appareil rate son décollage et sort de piste à Hambourg faisant dix blessés graves[19].

Autour du film

Le scénario du film est tiré du roman éponyme d'Albert Simonin. Il est l'adaptation du deuxième volet de la trilogie Max le Menteur, qui s'insère entre Touchez pas au grisbi et Grisbi or not grisbi adapté à l'écran sous le titre Les Tontons flingueurs. Michel Audiard déclara cependant qu'il ne voulait pas faire la suite de Touchez pas au grisbi ! et n'adapte que la 114e page du roman de Simonin[20].

Le personnage de Max le Menteur disparaît dans l'adaptation cinématographique de l'œuvre de Simonin, mais la trame de cette histoire de faux-monnayeurs, et les personnages centraux du « dabe » et du « cave » restent identiques.

Les gestes du personnage du cave, Robert Mideau, interprété par Maurice Biraud sont doublés par Pierre Forget, graveur et professeur de gravure taille douce à l'école Estienne. Ce sont également ses mains que l'on peut voir graver tout au long du générique d'ouverture du film.

Accueil

Le film fut un succès public lors de sa sortie en salles (plus de 2,8 millions d'entrées[6] en France), même s'il n'a pas remporté l'adhésion de certains critiques[21]. Il est resté en tête du box-office parisien durant les quatre semaines de sa sortie en salles avec plus de 265 000 entrées cumulées à cette période[22].

Postérité

Pour le magazine Télé Loisirs, Le cave se rebiffe est « l'un des meilleurs dialogues signés par Michel Audiard, au service de comédiens qui étaient de vieux complices. La bonne humeur qui a régné lors du tournage de ce film est très rapidement partagée par les spectateurs[23]. »

Colorisé en 1995[24], le film est diffusé sur Canal+ en 1996 et figure sur l'édition DVD d'EuropaCorp en 2009, qui permet de visionner le film en noir et blanc ou en colorisé[25].

Éditions vidéo

La cave se rebiffe sort en DVD/Blu-ray chez Gaumont le 7 octobre 2020, avec en supplément Retour sur le cave (21') et un documentaire inédit avec Jean-Jacques Jelot-Blanc et Jean-Pierre Bleys.

Notes et références

  1. Ce deuxième volet s'insère entre Touchez pas au grisbi ! et Grisbi or not grisbi (ce dernier étant adapté sous le titre Les Tontons flingueurs en 1963).
  2. Simonin 1954.
  3. « Cité Films [fr] », sur IMDb (consulté le )
  4. « UFA-Cormacico [fr] », sur IMDb (consulté le )
  5. « Compagnie Française de Distribution Cinématographique (CFDC) [fr] », sur IMDb (consulté le )
  6. a et b JP, « Le Cave se rebiffe (1961)- JPBox-Office », sur JPBox-office (consulté le )
  7. « Le cave se rebiffe », sur Télérama, (consulté le )
  8. Thomas Morales, « Le cave se rebiffe à Pantruche » [« à Paris »], sur Causeur. Surtout si vous n'êtes pas d'accord, (consulté le ) : « dans le livre, Simonin donne de très nombreuses indications sur les caractères mais aussi sur ce fameux claque tenu par le couple Bernard Blier et Ginette Leclerc »
  9. a et b Francis Lemarque et Michel Legrand, « Cavatine du film Le cave se rebiffe interprétée par Maurice André », sur Maurice André (consulté le )
  10. Fabrice Levasseur, « Le cave se rebiffe », sur L2tc (consulté le ).
  11. a et b Isabelle Blondel, Olivier Delacroix, Alice Develex, Nicolas d'Estienne d'Orves, Bertrand Guyard, Colette Monsat, Marie-Noëlle Tranchant et Florence Virerron, « Si le Paname d'Audiard m'était conté », Le Figaroscope, semaine du 10 au 16 mai 2017, pages 8-10.
  12. « Le Cave se rebiffe : Modification de tournage », sur Allociné, (consulté le )
  13. Collection Audiard no 1, Le Cave se rebiffe, TF1 Vidéo, 2006
  14. « Le Tour de Rance Vintage de Gilles Degaraby », sur Ouest-France, (consulté le ) : « "Ça, c'est du BSA extra-piste. Ça hérisse le poil, tellement c'est beau !" Le dialogue dit par Jean Gabin dans « Le Cave se rebiffe », dialogué par Michel Audiard, donne le ton pour cette première édition du Tour de Rance Vintage. »
  15. « Le cave se rebiffe : Un bijou ! », sur Le cinéma d'Impétueux, (consulté le ) : « Le scénario est certes habile, ingénieux, drôle, délicieusement immoral, malgré le vertueux carton final qui précise que "naturellement, les protagonistes du mauvais coup ont été rapidement arrêtés et condamnés", clin d'œil majuscule qui n’abuse personne. »
  16. Jean Cohadon, « Les faux « biftons » ne font pas rire les magistrats », sur La Dépêche du Midi, (consulté le )
  17. Claude Jaëcklé Plunian, « Binet sur écran », sur Société Rétif de la Bretonne, (consulté le ) : « Binet, l'illustrateur favori de Rétif de la Bretonne, fait l'objet d'une petite séquence culturelle qui se détache avec bonheur dans le film de Gilles Grangier, Le Cave se rebiffe (1961). »
  18. Christian Santoir, « Le cave se rebiffe », sur aeromovies, (consulté le )
  19. (en) Harro Ranter, « Crash du Boeing 707-328 F-BHSA - Hamburg-Fuhlsbüttel Airport », sur aviation-safety.net, (consulté le )
  20. Jean-Philippe Guerand, Bernard Blier : Un homme façon puzzle, Robert Laffont, coll. « Documento », . La source de Guerand étant « Interview de Michel Audiard par Jacques Fieschi, Mathieu Magon et Philippe Carcassonne », Cinématographe, no 53,‎ .
  21. « Le Cave se rebiffe : Critiques spectateurs », sur Allociné (consulté le )
  22. Renaud Soyer, « Le Cave se Rebiffe », sur Box Office Story, (consulté le ).
  23. Télé Loisirs, no 81, du 19 au , p. 49
  24. « Le cave se rebiffe », sur filmscolorises.online (consulté le )
  25. « Le Cave se rebiffe (1961) - DVD », sur dvdfr, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Albert Simonin, Le cave se rebiffe, Gallimard, coll. « Série noire » (no 206), , 253 p. (ISBN 2-07-047206-X, OCLC 742875230). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Franck Lhomeau (édition, présentation et annotations), Michel Audiard et Albert Simonin : Le Cave se rebiffe, Mélodie en sous-sol, Les Tontons flingueurs, t. 2, institut Lumière / Actes Sud, , 896 p. (ISBN 9782330156565), scénario et histoire de la production.

Liens externes

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