Zaouïa d'Illigh

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Cet article est étroitement lié à Tazeroualt

La zaouia d'Illigh ou zaouia de Tazeroualt était une confrérie soufie du Souss, au Maroc, fondée par Abou Hassoun Semlali au début du XVIIe siècle[1].

Apparue pendant une période marquée par la faiblesse du pouvoir central Saadien, la zaouia deviendra très vite un acteur incontournable et puissant du sud marocain et du Souss.

La zaouia d'Illigh, contrairement aux autres zaouias qui jouissaient d'une forte influence politique lors de l'arrivée des Alaouites au pouvoir, ne sera pas anéantie par ces derniers, et ce malgré une tentative du sultan Rachid en 1670 ; elle continuera d'avoir une influence politique et économique locale au sein de la tribu des Lakhsass, maintenant des rapports tendus avec le Makhzen alaouite, et ce jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle[1],[2].

Localisation

La zaouïa d'Illigh était située dans le Tazeroualt, dans le Souss.

Histoire

État de morcellement du Maroc après l'assassinat du dernier sultan saadien

À la suite de l'accession au trône de Moulay Zidane au début du XVIIe siècle, le Makhzen Saadien, affaibli, ne jouissait que d'un pouvoir limité. Plusieurs forces apparaissent alors, dont la zaouia de Tazeroualt ainsi que les Alaouites, future dynastie régnante[3] :

  • La zaouia de Dila, exerçant son contrôle sur le centre du Maroc
  • Les plaines du nord-ouest, contrôlées par le marabout El-Ayachi et ses alliés
  • L'embouchure du Bouregreg, érigée en État indépendant par les morisques
  • Tétouan, cité-État gouvernée par la famille Naqsis
  • Le Tafilalet, sous le contrôle des Alaouites
  • Le sud du Maroc, sous le contrôle de la zaouia d'Illigh

Abou Hassoun, arrière-petit-fils du grand mystique Sidi Ahmed Ou Moussa et fondateur de la zaouia, installa sa capitale à Illigh, réussit à obtenir des enclaves maritimes à Agadir et s'assura un succès commercial (après l'éviction d'Abou Mahalli) grâce à la diminution des droits de douane aux commerçants étrangers (en l'occurrence français et anglais). Le territoire sous son contrôle, le "royaume de Tazeroualt", représentait alors le passage obligé du trafic transsaharien de l'or sur l'axe Gao-Tombouctou -Taroudant.

Cet essor économique fulgurant s'accompagna du maintien d'un équilibre avec les Dilaïtes, en concurrence avec ces derniers sur le maintien d'une influence sur l'embouchure du Bouregreg et d'un soutien temporaire au chérif Mohammed du Tafilalet.

À la seconde moitié du XVIIe siècle la zaouia de Tazeroualt perd du terrain devant les alaouites, qui finiront par étendre leur pouvoir sur tout le Maroc. Cependant, la zaouia conservera une influence locale jusqu'au XIXe siècle, quand le sultan Hassan Ier parvint à soumettre Illigh en 1882.

Références

  1. a et b Un petit Royaume Berbère: "Le Tazeroualt, un saint berbère Sidi Ahmed Ou Moussa", par le Colonel Justinard. Librairie orientale et américaine (1954)
  2. Études anthropologiques en Anti-Atlas occidental: Lakhsass, par Mohamed Alhyane, IRCAM (2004) [1]
  3. Brahim Harakat, Le makhzen sa'adien, dans: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, No 15-16, 1973. p. 43-60.

Voir aussi

Bibliographie

  • D. Jacques-Meunié, Le Maroc saharien des origines à 1670, Klincksieck, Paris, 1982, vol.
  • J. Brignon, A. Amine, B. Boutaleb, G. Martinet, B. Rosenberger, M. Terrasse, Histoire du Maroc, Hatier, Paris, Librairie Nationale, Casablanca, 1967

Articles connexes

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