Vergobret

Le vergobret est un personnage de la société celtique qui possédait la magistrature suprême dans plusieurs cités gauloises[1], particulièrement les Éduens.

D'après les sources littéraires

César nous renseigne sur son appellation et son rôle dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules ; cela concerne les Éduens[2]. Pour les autres peuples, il utilise les termes de princeps civitatis, principatus, magistratus. Certains auteurs[note 1],[3] estiment que ces appellations désignent aussi des vergobrets[3].

Rôle et fonctions

Élu chaque année sous l'égide des druides[4], le vergobret possède le droit de vie et de mort, celui de commander l'armée pour une action défensive. Il lui est cependant interdit de quitter les limites du territoire de son peuple :

« Les lois des Éduens interdisaient à ceux qui géraient la magistrature suprême de franchir les frontières[4]. »

Il ne peut donc commander l'armée en dehors des frontières, ce qui impose de nommer un général et ce qui permet d'éviter qu'il n'accapare le pouvoir au-delà du terme de sa magistrature[5]. Chez les Éduens, les vergobrets sont élus au mois d'avril pour un an[6].

Le vergobret est choisi parmi les personnages les plus puissants et l'on retrouve des monnaies à leur effigie chez les Éduens et les Rèmes.

Attestations archéologiques

Quelques noms de vergobrets nous sont parvenus[note 2] :

  • Liscos (en - 58), Valétiacos (en - 53), Convictolitavis (en - 52) chez les Éduens.
  • Chez les Lémovices, un certain « Postumus, vergobret, fils de Dumnorix[note 3] »[7].
  • Cisiambos, chez les Lexoviens[1] ; Dubnocus, chez les Vellaves[1].
  • Pour les Lémovices toujours, deux autres noms sont possibles : Sedullos, tué à Alésia, est dit dux et princeps Lemovicum, « chef militaire et civil », ce qui peut correspondre au titre de vergobret.
Épigraphie
  • Une des rares attestations archéologiques du vergobret provient des fouilles du docteur Allain en 1978 sur la zone des temples à Argentomagus (Saint-Marcel dans l'Indre) où une olla (vase) en terra nigra porte, gravée après cuisson, l'inscription suivante : « […] vercobretos readdas ». Objet d'une brève mention dans la revue Gallia en 1980[8], l'inscription a ensuite donné lieu à une publication développée, comprenant photo et transcription, dans la Revue archéologique du centre de la France (RACF). Le vase est visible au musée d'Argentomagus. La signification de l'inscription serait de type : « le vergobret a sacrifié / consacré / donné »[9].
  • Dans la ville gallo-romaine d'Augustoritum a été trouvée une inscription sur pierre, signe d'une romanisation encore incomplète[note 4] : elle relate un cas d'évergétisme par un notable, qualifié de vergobret.
  • La capitale des Santons, Mediolanum, a livré aussi une inscription funéraire qualifiant le défunt de vergobret[1].Une autre inscription fait référence à ce titre mais sans le rattacher à un nom[1].
Numismatique
  • Les Lexoviens semblent aussi avoir disposé de cette magistrature au sein de leurs institutions. Certaines de leur monnaies, postérieures à la conquête, portent en effet le terme Vercobretos[1].

Notes et références

Notes

  1. Ainsi, à titre d'exemple, M.-T. Raepsaet-Charlier ou Stephan Fichtl. Voir les notes 16 et 17 de l'article de Laurent Lamoine cité ci-dessous.
  2. Pour une liste des diverses mentions connues, le lecteur se rapportera à l'article de L. Lamoine cité infra.
  3. ce dernier n'ayant aucun rapport avec son homonyme éduen, Dumnorix.
  4. Cette inscription est datée du Haut-Empire romain[10].

Références

  1. a b c d e et f Lamoine 2006, p. 82.
  2. Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, I, 16.
  3. a et b Lamoine 2006, p. 84.
  4. a et b Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, VII, 33.
  5. Christian Goudineau et Christian Peyre, Bibracte et les Éduens, À la découverte d'un peuple gaulois, éditions Errance, 1993.
  6. Emmanuel Arbabe, Du peuple à la cité : vie politique et institutions en Gaule chevelue depuis l'indépendance jusqu'à la fin des Julio-Claudiens, Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, (lire en ligne)
  7. Jean-Pierre Bost et Jean Perrier, Un vergobret à Augustoritum, Travaux d'archéologie limousine, tome 10, 1990, page 30, [https://books.openedition.org/ausonius/8504#tocto1n1.]
  8. Gallia 38-2, p. 327.
  9. P.-Y. Lambert 2003 et X. Delamarre, 2003.
  10. Jean-Pierre Bost, « Élites urbaines à Augustoritum sous le Haut-Empire », Travaux d’Archéologie Limousine, n° 13, 1993, p. 101-106.

Bibliographie

Ouvrage

  • David Kremer, Ius latinum, le concept de droit latin sous la République et l'Empire, Paris, de Boccard, 2006, pp. 165-167
  • Emmanuel Arbabe, La Politique des Gaulois : Vie politique et institutions en Gaule chevelue (IIe siècle avant notre ère -70), Paris, Éditions de la Sorbonne, (ISBN 979-10-351-0042-1, ISSN 0290-4500, DOI 10.4000/books.psorbonne.57217, lire en ligne)

Articles

  • Laurent Lamoine, La Pratique du vergobret : le témoignage de César confronté aux inscriptions, « Cahiers du centre Gustave Glotz », no 17, 2006. pp. 81-104. [1]
  • Monique Dondin-Payre, Réexamen des magistratures municipales des Gaules d'après l'épigraphie, « Cahiers du centre Gustave Glotz », no 8, 1997, pp. 285-300, [2]
  • Serge Lewuillon, Le Syndrome du vergobret : à propos de quelques magistratures gauloises, 2002, Centre archéologique européen (CAE) du mont Beuvray, Bibracte no 5, pp. 243-258, [3]
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