Théorème de Fueter-Pólya

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Le théorème de Fueter-Pólya, prouvé en 1923 par Rudolf Fueter et George Pólya, énonce que les seules bijections quadratiques de N × N {\displaystyle \mathbb {N} \times \mathbb {N} } dans N {\displaystyle \mathbb {N} } (l'ensemble des entiers naturels) sont les deux polynômes de Cantor.

Histoire

En 1873, Cantor démontra[1] que le produit de deux ensembles dénombrables est dénombrable, en exhibant la fonction polynomiale

P ( x , y ) := x + ( x + y + 1 ) ( x + y ) 2 {\displaystyle P(x,y):=x+{\frac {(x+y+1)(x+y)}{2}}} ,

qui réalise une bijection de N 2 {\displaystyle \mathbb {N} ^{2}} dans N {\displaystyle \mathbb {N} } , appelée fonction de couplage de Cantor. En intervertissant les deux variables, on obtient donc aussi une bijection ( Q ( x , y ) = P ( y , x ) := y + ( x + y + 1 ) ( x + y ) 2 {\displaystyle Q(x,y)=P(y,x):=y+{\frac {(x+y+1)(x+y)}{2}}} ).

En 1923, Fueter chercha à déterminer s'il existe d'autres polynômes quadratiques vérifiant cette propriété, et prouva qu'il n'en existe pas d'autre si l'on impose P ( 0 , 0 ) = 0 {\displaystyle P(0,0)=0} . Il envoya sa démonstration à Pólya, qui montra que le théorème ne nécessite pas cette dernière contrainte, et conjectura que même la restriction sur le degré est inutile. Ils publièrent cet échange épistolaire[2]. Leur preuve est étonnamment analytique et difficile, utilisant le théorème de Lindemann-Weierstrass[3].

En 2001, Maxim Vsemirnov a publié[4] une démonstration élémentaire du théorème de Fueter-Pólya, utilisant seulement la loi de réciprocité quadratique de Gauss et le théorème de la progression arithmétique de Dirichlet[5].

Énoncé

Si un polynôme réel quadratique à deux variables se restreint en une bijection de N 2 {\displaystyle \mathbb {N} ^{2}} dans N {\displaystyle \mathbb {N} } , alors il s'agit nécessairement de

P ( x , y ) := x + ( x + y + 1 ) ( x + y ) 2 {\displaystyle P(x,y):=x+{\frac {(x+y+1)(x+y)}{2}}}

ou de P ( y , x ) {\displaystyle P(y,x)} .

Dimensions supérieures

Le polynôme de Cantor peut être généralisé en un polynôme de degré n, bijectif de ℕn dans ℕ pour n ≥ 2, somme de coefficients binomiaux[6] :

P n ( x 1 , , x n ) = x 1 + ( x 1 + x 2 + 1 2 ) + + ( x 1 + + x n + n 1 n ) {\displaystyle P_{n}(x_{1},\ldots ,x_{n})=x_{1}+{\binom {x_{1}+x_{2}+1}{2}}+\cdots +{\binom {x_{1}+\cdots +x_{n}+n-1}{n}}} .

On conjecture[7] que pour tout n ≥ 2, les n! fonctions polynomiales déduites de Pn par permutation des variables sont les seules bijections polynomiales de degré n de ℕn dans ℕ, et qu'il n'y a qu'un nombre fini de bijections polynomiales de degré quelconque de ℕn dans ℕ, peut-être même seulement celles déduites des Pk pour kn.

Notes et références

  1. (de) G. Cantor, « Ein Beitrag zur Mannigfaltigkeitslehre », J. reine angew. Math., vol. 84,‎ , p. 242-258 (lire en ligne) (le polynôme présenté ici est une adaptation de celui de Cantor (p. 257), qui ne considérait pas N {\displaystyle \mathbb {N} } mais N {\displaystyle \mathbb {N} ^{*}} ).
  2. (de) Rudolf Fueter et Georg Pólya, « Rationale Abzählung der Gitterpunkte », Vierteljschr. Naturforsch. Ges. Zürich, vol. 58,‎ , p. 280-386 (lire en ligne).
  3. (en) Craig Smoryński, Logical Number Theory I, Springer, (lire en ligne), chap. I.4 et I.5 (« The Fueter–Pólya Theorem »), p. 23-43.
  4. (en) M. A. Vsemirnov, « Two elementary proofs of the Fueter–Pólya theorem on pairing polynomials », Algebra i Analiz, vol. 13, no 5,‎ , p. 1-15 (lire en ligne). Errata : ibid., vol. 14 , no 5, 2002, p. 240.
  5. (en) Melvyn B. Nathanson, « Cantor polynomials and the Fueter-Polya theorem », (arXiv 1512.08261).
  6. (en) Paromita Chowla, « On some Polynomials which represent every natural number exactly once », Norske Vid. Selsk. Forh. Trondheim, vol. 34, 1961, p. 8-9.
  7. Smoryński1991, chap. I.4, conjectures 4.2 à 4.4.
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