Moyenne logarithmique

Graphique tridimensionnel représentant la moyenne logarithmique de x et y.

En mathématiques, la moyenne logarithmique est un type de moyenne.

Pour deux réels strictement positifs, elle est égale à leur différence, divisée par le logarithme de leur quotient. Cette moyenne est utilisée lors de problèmes d'ingénierie concernant le transfert de chaleur et de masse.

Définition

La moyenne logarithmique de deux réels strictement positifs a , b {\displaystyle a,b} est définie par :

M ln ( a , b ) = lim ( x , y ) ( a , b ) x y ln x ln y = { a si  a = b , b a ln b ln a sinon {\displaystyle {\begin{aligned}M_{\text{ln}}(a,b)&=\lim _{(x,y)\to (a,b)}{\frac {x-y}{\ln x-\ln y}}\\[6pt]&={\begin{cases}a&{\text{si }}a=b,\\{\frac {b-a}{\ln b-\ln a}}&{\text{sinon}}\end{cases}}\end{aligned}}} .

Ainsi, par exemple, la moyenne logarithmique de 1 et 2 est 1 ln 2 = 1 , 4426 {\displaystyle {\frac {1}{\ln 2}}=1,4426\cdots } , voir la suite A007525 de l'OEIS.

Propriétés

La moyenne logarithmique est bien une moyenne, car comprise entre a et b (ce résultat est connu sous le nom d'« inégalité de Napier[1]»). Elle est de plus homogène : M ln ( k a , k b ) = k M ln ( a , b ) {\displaystyle M_{\ln }(ka,kb)=kM_{\ln }(a,b)} .

Inégalités

Illustration de l'inégalité arithmético-logarithmo-géométrique : a b M ln ( a , b ) a + b 2 {\displaystyle {\sqrt {ab}}\leqslant M_{\text{ln}}(a,b)\leqslant {\frac {a+b}{2}}}

La moyenne logarithmique de deux nombres est inférieure ou égale à leur moyenne arithmétique et à leur moyenne d'ordre 1/2, mais supérieure ou égale à leur moyenne géométrique et à leur moyenne harmonique ; plus précisément :

2 a b a + b a b M ln ( a , b ) ( a + b 2 ) 2 a + b 2  pour  a , b > 0 {\displaystyle {\frac {2ab}{a+b}}\leqslant {\sqrt {ab}}\leqslant M_{\text{ln}}(a,b)\leqslant \left({\frac {{\sqrt {a}}+{\sqrt {b}}}{2}}\right)^{2}\leqslant {\frac {a+b}{2}}\qquad {\text{ pour }}a,b>0} [2],[3],[4].

Les deux inégalités extrêmes viennent de la croissance avec p {\displaystyle p} de la moyenne d'ordre p {\displaystyle p} et les deux inégalités centrales de la croissance avec p {\displaystyle p} de la moyenne de Stolarsky S p ( a , b ) {\displaystyle S_{p}(a,b)} .

Ces deux dernières inégalités se démontrent élémentairement comme suit.

Pour b a {\displaystyle b\geqslant a} , on pose x = b / a {\displaystyle x={\sqrt {b/a}}}  ; les inégalités a b M ln ( a , b ) ( a + b 2 ) 2 {\displaystyle {\sqrt {ab}}\leqslant M_{\text{ln}}(a,b)\leqslant \left({\frac {{\sqrt {a}}+{\sqrt {b}}}{2}}\right)^{2}} s'écrivent alors x x 2 1 2 ln x ( 1 + x 2 ) 2 {\displaystyle x\leqslant {\frac {x^{2}-1}{2\ln x}}\leqslant \left({\frac {1+x}{2}}\right)^{2}} .

En remplaçant x {\displaystyle x} par e x , x 0 {\displaystyle \mathrm {e} ^{x},x\geqslant 0} , la première inégalité s'écrit x e 2 x 1 2 e x = sinh x {\displaystyle x\leqslant {\frac {\mathrm {e} ^{2x}-1}{2\mathrm {e} ^{x}}}=\sinh x} , inégalité classique.

La deuxième s'écrit aussi ln x 2 x 1 x + 1 {\displaystyle \ln x\geqslant 2{\frac {x-1}{x+1}}}  ; en remplaçant x {\displaystyle x} par e 2 x , x 0 {\displaystyle \mathrm {e} ^{2x},x\geqslant 0} , elle s'écrit x tanh x {\displaystyle x\geqslant \tanh x} , inégalité également classique.

La relation entre les moyennes géométrique, logarithmique et arithmétique peut aussi se déduire de l'inégalité d'Hermite-Hadamard pour f = exp sur [ln(a) , ln(b)].

Diverses obtentions de cette moyenne

Par le théorème des accroissements finis

D'après le théorème des accroissements finis, il existe un réel c {\displaystyle c} entre a et b où la dérivée d'une fonction f est égale à la pente de la sécante :

c ] a , b [ :   f ( c ) = f ( b ) f ( a ) b a {\displaystyle \exists c\in ]a,b[:\ f'(c)={\frac {f(b)-f(a)}{b-a}}}

La moyenne logarithmique est le nombre c {\displaystyle c} lorsque l'on prend f = ln {\displaystyle f=\ln }  :

1 c = ln b ln a b a {\displaystyle {\frac {1}{c}}={\frac {\ln b-\ln a}{b-a}}}

soit :

c = b a ln b ln a {\displaystyle c={\frac {b-a}{\ln b-\ln a}}}

Par intégration

La moyenne logarithmique peut également être interprétée comme l'aire sous une courbe définie par des fonctions exponentielle :

M ln ( a , b ) = 0 1 a 1 t b t   d t {\displaystyle M_{\ln }(a,b)=\int _{0}^{1}a^{1-t}b^{t}\ \mathrm {d} t}

Démonstration

Le calcul est direct :

0 1 a 1 t b t   d t = a 0 1 ( b a ) t d t = a [ 1 ln ( b a ) ( b a ) t ] t = 0 t = 1 = b a ln ( b a ) = b a ln b ln a {\displaystyle \int _{0}^{1}a^{1-t}b^{t}\ \mathrm {d} t=a\int _{0}^{1}\left({\frac {b}{a}}\right)^{t}\mathrm {d} t=a\left[{\frac {1}{\ln \left({\frac {b}{a}}\right)}}\left({\frac {b}{a}}\right)^{t}\right]_{t=0}^{t=1}={\frac {b-a}{\ln \left({\frac {b}{a}}\right)}}={\frac {b-a}{\ln b-\ln a}}}

Carlson donne d'autres expressions intégrales[5]:

1 M ln ( a , b ) = 0 1 d t ( 1 t ) a + t b   = 0 d t ( t + a ) ( t + b ) . {\displaystyle {1 \over M_{\ln }{(a,b)}}=\int _{0}^{1}{\operatorname {d} \!t \over (1-t)a+tb}\ =\int _{0}^{\infty }{\operatorname {d} \!t \over (t+a)\,(t+b)}.}

Démonstration

La première intégrale se fait par un simple changement de variables affine :

0 1 d t ( 1 t ) a + t b = a b 1 u d u b a = ln b ln a b a {\displaystyle \int _{0}^{1}{\operatorname {d} \!t \over (1-t)a+tb}=\int _{a}^{b}{1 \over u}{\operatorname {d} \!u \over b-a}={\frac {\ln b-\ln a}{b-a}}} .

Pour la deuxième intégrale, on utilise la décomposition en éléments simples :

0 d t ( t + a ) ( t + b ) = 1 b a 0 ( 1 ( t + a ) 1 ( t + b ) ) d t = 1 b a [ ln ( t + a t + b ) ] 0 = ln ( a / b ) b a {\displaystyle \int _{0}^{\infty }{\operatorname {d} \!t \over (t+a)\,(t+b)}={1 \over b-a}\int _{0}^{\infty }\left({1 \over (t+a)}-{1 \over (t+b)}\right)\operatorname {d} \!t={1 \over b-a}\left[\ln \left({{t+a} \over t+b}\right)\right]_{0}^{\infty }={\frac {-\ln(a/b)}{b-a}}} .

D'après le théorème des sommes de Riemann, M ln ( a , b ) {\displaystyle M_{\ln }(a,b)} est la limite de la suite décroissante ( 1 n + 1 k = 0 n a n k b k n ) n 0 {\displaystyle \left({\frac {1}{n+1}}\displaystyle \sum _{k=0}^{n}{\sqrt[{n}]{a^{n-k}b^{k}}}\right)_{n\geqslant 0}} , formée de moyennes arithmétiques de moyennes géométriques pondérées.

Généralisation

Par le théorème des accroissements finis généralisé à l'ordre n

On peut généraliser la moyenne logarithmique à n + 1 variables en considérant le théorème des accroissements finis généralisé à l'ordre n faisant intervenir les différences divisées d'ordre n du logarithme.

On obtient

L MV ( x 0 , , x n ) = ( 1 ) ( n + 1 ) n ln ( [ x 0 , , x n ] ) n {\displaystyle L_{\text{MV}}(x_{0},\,\dots ,\,x_{n})={\sqrt[{-n}]{(-1)^{(n+1)}n\ln \left(\left[x_{0},\,\dots ,\,x_{n}\right]\right)}}}

ln ( [ x 0 , , x n ] ) {\displaystyle \ln \left(\left[x_{0},\,\dots ,\,x_{n}\right]\right)} désigne la différence divisée d'ordre n du logarithme.

Pour n = 2, cela donne par exemple :

L MV ( x , y , z ) = ( x y ) ( y z ) ( z x ) 2 [ ( y z ) ln x + ( z x ) ln y + ( x y ) ln z ] {\displaystyle L_{\text{MV}}(x,y,z)={\sqrt {\frac {(x-y)\left(y-z\right)\left(z-x\right)}{2\left[\left(y-z\right)\ln x+\left(z-x\right)\ln y+\left(x-y\right)\ln z\right]}}}} .

Par intégration

L'interprétation intégrale peut aussi être généralisée à plusieurs variables, mais elle conduit à un résultat différent. Étant donné le simplexe S {\textstyle S} S = { ( α 0 , , α n ) : ( α 0 + + α n = 1 ) ( α 0 0 ) ( α n 0 ) } {\textstyle S=\{\left(\alpha _{0},\,\dots ,\,\alpha _{n}\right):\left(\alpha _{0}+\dots +\alpha _{n}=1\right)\land \left(\alpha _{0}\geqslant 0\right)\land \dots \land \left(\alpha _{n}\geqslant 0\right)\}} et une mesure appropriée d α {\textstyle \mathrm {d} \alpha } qui assigne au simplexe un volume égal à 1, on obtient

L I ( x 0 , , x n ) = S x 0 α 0 x n α n   d α {\displaystyle L_{\text{I}}\left(x_{0},\,\dots ,\,x_{n}\right)=\int _{S}x_{0}^{\alpha _{0}}\cdot \,\cdots \,\cdot x_{n}^{\alpha _{n}}\ \mathrm {d} \alpha }

Cela peut être simplifié en utilisant les différences divisées de la fonction exponentielle pour

L I ( x 0 , , x n ) = n ! exp [ ln ( x 0 ) , , ln ( x n ) ] {\displaystyle L_{\text{I}}\left(x_{0},\,\dots ,\,x_{n}\right)=n!\exp \left[\ln \left(x_{0}\right),\,\dots ,\,\ln \left(x_{n}\right)\right]} .

Exemple pour n = 2 {\textstyle n=2}

L I ( x , y , z ) = 2 x ( ln ( y ) ln ( z ) ) + y ( ln ( z ) ln ( x ) ) + z ( ln ( x ) ln ( y ) ) ( ln ( x ) ln ( y ) ) ( ln ( y ) ln ( z ) ) ( ln ( z ) ln ( x ) ) {\displaystyle L_{\text{I}}(x,y,z)=-2{\frac {x\left(\ln \left(y\right)-\ln \left(z\right)\right)+y\left(\ln \left(z\right)-\ln \left(x\right)\right)+z\left(\ln \left(x\right)-\ln \left(y\right)\right)}{\left(\ln \left(x\right)-\ln \left(y\right)\right)\left(\ln \left(y\right)-\ln \left(z\right)\right)\left(\ln \left(z\right)-\ln \left(x\right)\right)}}} .

Relations avec d'autres moyennes

  • Moyenne arithmétique : M ln ( x 2 , y 2 ) M ln ( x , y ) = x + y 2 {\displaystyle {\frac {M_{\ln }\left(x^{2},y^{2}\right)}{M_{\ln }(x,y)}}={\frac {x+y}{2}}}
  • Moyenne géométrique : M ln ( x , y ) M ln ( 1 x , 1 y ) = x y {\displaystyle {\sqrt {\frac {M_{\ln }\left(x,y\right)}{M_{\ln }\left({\frac {1}{x}},{\frac {1}{y}}\right)}}}={\sqrt {xy}}}
  • Moyenne harmonique : M ln ( 1 x , 1 y ) M ln ( 1 x 2 , 1 y 2 ) = 2 1 x + 1 y {\displaystyle {\frac {M_{\ln }\left({\frac {1}{x}},{\frac {1}{y}}\right)}{M_{\ln }\left({\frac {1}{x^{2}}},{\frac {1}{y^{2}}}\right)}}={\frac {2}{{\frac {1}{x}}+{\frac {1}{y}}}}}

Articles connexes

Références

Notes
  1. (en) Eric W. Weisstein, « Napier's Inéquality », sur MathWorld
  2. (en) B. C. Carlson, « Some inequalities for hypergeometric functions », Proc. Amer. Math. Soc., vol. 17,‎ , p. 32–39 (DOI 10.1090/s0002-9939-1966-0188497-6)
  3. (en) B. Ostle et H. L. Terwilliger, « A comparison of two means », Proc. Montana Acad. Sci., vol. 17,‎ , p. 69–70
  4. (en) Tung-Po Lin, « The Power Mean and the Logarithmic Mean », The American Mathematical Monthly, vol. 81,‎ (DOI 10.1080/00029890.1974.11993684)
  5. (en) Billie C. Carlson, « The Logarithmic Mean », The American Mathematical Monthly, vol. 79, no 6,‎ , p. 615– (DOI 10.2307/2317088)
Bibliographie
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Logarithmic mean » (voir la liste des auteurs).
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