Lois de Slater-Condon

En chimie numérique, les lois de Slater-Condon indiquent les intégrales des opérateurs à un ou deux corps sur les fonctions d'onde construites comme des déterminants de Slater d'orbitales orthonormées en termes d'orbitales individuelles. Ce faisant, les intégrales originelles portant sur des fonctions d'ondes à N électrons sont réduites à des sommes sur des intégrales sur au plus deux orbitales molécules, ou, en d'autres termes, l'intégrale originelle 3 N-dimensionnelle est exprimée en termes d'intégrales tri- ou hexadimensionnelles.

Ces lois sont utilisées pour la dérivation des équations fonctionnant pour toutes les méthodes de résolutions approchées de l'équation de Schrödinger employant des fonctions d'ondes construites à partir de déterminants de Slater. Cela inclut la méthode de Hartree-Fock, où la fonction d'onde est un déterminant simple, et toutes les méthodes qui se basent sur la méthode Hartree-Fock comme référence comme la théorie de la perturbation de Møller-Plesset, et les théories de cluster couplé ou d'interaction de configuration.

Les lois de Slater-Condon ne s'appliquent que pour des orbitales orthonormées. La généralisation aux orbitales non orthogonales fut proposée par Per-Olov Löwdin, conduisant à ce qui est connu sous la dénomination de lois de Löwdin.

Base

En termes d'un opérateur d'antisymétrisation ( A {\displaystyle {\mathcal {A}}} ) agissant sur un produit de N spinorbitales orthonormales (avec r et σ indiquant les variables d'espace et de spin), une fonction d'onde de déterminant s'écrit comme :

| Ψ = A ( ϕ 1 ( r 1 σ 1 ) ϕ 2 ( r 2 σ 2 ) ϕ m ( r m σ m ) ϕ n ( r n σ n ) ϕ N ( r N σ N ) ) . {\displaystyle |\Psi \rangle ={\mathcal {A}}(\phi _{1}(\mathbf {r} _{1}\sigma _{1})\phi _{2}(\mathbf {r} _{2}\sigma _{2})\cdots \phi _{m}(\mathbf {r} _{m}\sigma _{m})\phi _{n}(\mathbf {r} _{n}\sigma _{n})\cdots \phi _{N}(\mathbf {r} _{N}\sigma _{N})).}

Une fonction d'onde différant de la précédente par une seule orbitale (la m-ième) serait alors notée :

| Ψ m p = A ( ϕ 1 ( r 1 σ 1 ) ϕ 2 ( r 2 σ 2 ) ϕ p ( r m σ m ) ϕ n ( r n σ n ) ϕ N ( r N σ N ) ) , {\displaystyle |\Psi _{m}^{p}\rangle ={\mathcal {A}}(\phi _{1}(\mathbf {r} _{1}\sigma _{1})\phi _{2}(\mathbf {r} _{2}\sigma _{2})\cdots \phi _{p}(\mathbf {r} _{m}\sigma _{m})\phi _{n}(\mathbf {r} _{n}\sigma _{n})\cdots \phi _{N}(\mathbf {r} _{N}\sigma _{N})),}

et une fonction d'onde différant de deux orbitales sera écrite :

| Ψ m n p q = A ( ϕ 1 ( r 1 σ 1 ) ϕ 2 ( r 2 σ 2 ) ϕ p ( r m σ m ) ϕ q ( r n σ n ) ϕ N ( r N σ N ) ) . {\displaystyle |\Psi _{mn}^{pq}\rangle ={\mathcal {A}}(\phi _{1}(\mathbf {r} _{1}\sigma _{1})\phi _{2}(\mathbf {r} _{2}\sigma _{2})\cdots \phi _{p}(\mathbf {r} _{m}\sigma _{m})\phi _{q}(\mathbf {r} _{n}\sigma _{n})\cdots \phi _{N}(\mathbf {r} _{N}\sigma _{N})).}

Pour tout opérateur à un ou deux corps, Ô, les lois de Slater-Condon indiquent la manière de simplifier les types d'intégrales suivants[1] :

Ψ | O ^ | Ψ , Ψ | O ^ | Ψ m p ,   e t   Ψ | O ^ | Ψ m n p q . {\displaystyle \langle \Psi |{\hat {O}}|\Psi \rangle ,\langle \Psi |{\hat {O}}|\Psi _{m}^{p}\rangle ,\ \mathrm {et} \ \langle \Psi |{\hat {O}}|\Psi _{mn}^{pq}\rangle .}

Les éléments de matrice pour deux fonctions d'ondes différant par plus de deux orbitales disparaissent sauf si des interactions d'ordres plus importants sont introduites.

John C. Slater établit à l'origine les expressions pour des éléments de matrice diagonaux d'un hamiltonien approché alors qu'il étudiait les spectres atomiques par une approche perturbative[2]. L'année suivante, Edward Condon étendit les lois aux éléments de matrice non diagonaux[3]. Per-Olov Löwdin généralisa plus tard ces résultats pour des fonctions d'ondes construites à partir d'orbitales non-orthonormées[4].

Intégrales d'opérateurs à un corps

Les opérateurs à un corps dépendent seulement de la position ou de la quantité de mouvement d'un seul électron à un instant donnée. On peut citer comme exemple les opérateurs d'énergie cinétique, de moment dipolaire, et de couplage de moment angulaire.

Un opérateur à un corps dans un système à N particules se décompose en :

F ^ = i = 1 N   f ^ ( i ) . {\displaystyle {\hat {F}}=\sum _{i=1}^{N}\ {\hat {f}}(i).}

Les lois de Slater-Condon pour un tel opérateur sont[1],[5] :

Ψ | F ^ | Ψ = i = 1 N   ϕ i | f ^ | ϕ i , Ψ | F ^ | Ψ m p = ϕ m | f ^ | ϕ p , Ψ | F ^ | Ψ m n p q = 0. {\displaystyle {\begin{aligned}\langle \Psi |{\hat {F}}|\Psi \rangle &=&\sum _{i=1}^{N}\ \langle \phi _{i}|{\hat {f}}|\phi _{i}\rangle ,\\\langle \Psi |{\hat {F}}|\Psi _{m}^{p}\rangle &=&\langle \phi _{m}|{\hat {f}}|\phi _{p}\rangle ,\\\langle \Psi |{\hat {F}}|\Psi _{mn}^{pq}\rangle &=&0.\end{aligned}}}


Intégrales d'opérateurs à deux corps

Les opérateurs à deux corps couplent deux particules à tout instant donné. On peut citer comme exemples les opérateurs de répulsion électron-électron, de couplage magnétique dipolaire ou de moment angulaire total au carré.

Un opérateur à deux corps dans un système à N particules se décompose en :

G ^ = i = 1 N j = i N   g ^ ( i , j ) . {\displaystyle {\hat {G}}=\sum _{i=1}^{N}\sum _{j=i}^{N}\ {\hat {g}}(i,j).}

Les règles de Slater-Condon pour un tel opérateur sont[1],[5] :

Ψ | G ^ | Ψ = 1 2 i = 1 N j = 1 N   ( ϕ i ϕ j | g ^ | ϕ i ϕ j ϕ i ϕ j | g ^ | ϕ j ϕ i ) , Ψ | G ^ | Ψ m p = i = 1 N   ( ϕ m ϕ i | g ^ | ϕ p ϕ i ϕ m ϕ i | g ^ | ϕ i ϕ p ) , Ψ | G ^ | Ψ m n p q = ϕ m ϕ n | g ^ | ϕ p ϕ q ϕ m ϕ n | g ^ | ϕ q ϕ p , {\displaystyle {\begin{aligned}\langle \Psi |{\hat {G}}|\Psi \rangle &=&{\frac {1}{2}}\sum _{i=1}^{N}\sum _{j=1}^{N}\ {\bigg (}\langle \phi _{i}\phi _{j}|{\hat {g}}|\phi _{i}\phi _{j}\rangle -\langle \phi _{i}\phi _{j}|{\hat {g}}|\phi _{j}\phi _{i}\rangle {\bigg )},\\\langle \Psi |{\hat {G}}|\Psi _{m}^{p}\rangle &=&\sum _{i=1}^{N}\ {\bigg (}\langle \phi _{m}\phi _{i}|{\hat {g}}|\phi _{p}\phi _{i}\rangle -\langle \phi _{m}\phi _{i}|{\hat {g}}|\phi _{i}\phi _{p}\rangle {\bigg )},\\\langle \Psi |{\hat {G}}|\Psi _{mn}^{pq}\rangle &=&\langle \phi _{m}\phi _{n}|{\hat {g}}|\phi _{p}\phi _{q}\rangle -\langle \phi _{m}\phi _{n}|{\hat {g}}|\phi _{q}\phi _{p}\rangle ,\end{aligned}}}

ϕ i ϕ j | g ^ | ϕ k ϕ l = d r d r   ϕ i ( r ) ϕ j ( r ) g ( r , r ) ϕ k ( r ) ϕ l ( r ) . {\displaystyle \langle \phi _{i}\phi _{j}|{\hat {g}}|\phi _{k}\phi _{l}\rangle =\int \mathrm {d} \mathbf {r} \int \mathrm {d} \mathbf {r} '\ \phi _{i}^{*}(\mathbf {r} )\phi _{j}^{*}(\mathbf {r} ')g(\mathbf {r} ,\mathbf {r} ')\phi _{k}(\mathbf {r} )\phi _{l}(\mathbf {r} ').}

Notes et références

  1. a b et c (en) Lucjan Piela, Ideas of Quantum Chemistry, Amsterdam, Elsevier Science, (ISBN 0-444-52227-1), « Appendix M »
  2. (en) J.C. Slater, « The Theory of Complex Spectra », Phys. Rev., vol. 34, no 10,‎ , p. 1293–1322 (DOI 10.1103/PhysRev.34.1293)
  3. (en) E.U. Condon, « The Theory of Complex Spectra », Phys. Rev., vol. 36, no 7,‎ , p. 1121–1133 (DOI 10.1103/PhysRev.36.1121)
  4. (en) Per-Olov Löwdin, « Quantum Theory of Many-Particle Systems. I. Physical Interpretations by Means of Density Matrices, Natural Spin-Orbitals, and Convergence Problems in the Method of Configurational Interaction », Phys. Rev., vol. 97, no 6,‎ , p. 1474–1489 (DOI 10.1103/PhysRev.97.1474)
  5. a et b (en) Attila Szabo, Neil S. Ostuland, Modern Quantum Chemistry : Introduction to Advanced Electronic Structure Theory, Mineola, New York, Dover Publications, (ISBN 0-486-69186-1), « Ch. 2.3.3 »


  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Slater-Condon rules » (voir la liste des auteurs).
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