Ius imaginis

Ius imaginum

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Le ius imaginis est le droit (ius) d'un magistrat romain à avoir son image (imago) conservée pour la postérité.

Le ius imaginis[1],[2],[3] est ainsi désigné à la suite de Cicéron[3].

Dans l'historiographie de la Rome antique, le ius imaginis (droit d'image)[4],[2] est aussi connu comme le ius imaginum, expression due à Sigonius.

Le ius imaginis est souvent présenté comme un droit réservé aux magistratures curules[5],[6], c'est-à-dire aux magistratures supérieures[5],[7] qui, à l'origine, étaient réservées aux patriciens[5]. Mais Cicéron mentionne le ius imaginis à propos de l'édilité plébéienne qui n'est pas une magistrature curule[5]. Ainsi, la questure et le tribunat de la plèbe sont les deux magistratures privées du ius imaginis[5].

L'image (imago) du magistrat est un masque de cire à son effigie qu'il laisse à sa mort à ses descendants[1]. Les images (imagines) sont conservées dans des niches ou petites armoires en bois (armaria)[8] qui ont la forme de temples[8] et longent les murs[8] de l'atrium de la maison (domus)[1]. Sous les images, sont placées de courtes légendes (tituli) qui énoncent le nom et les titres de gloire du défunt[9]. Elles sont reliées entre elles par des lignes consistant peut-être en des guirlandes peintes sur les murs, mais plus vraisemblablement en des bandelettes de lin[9]. Les lignes figurent un arbre généalogique[9]. Les niches sont d'ordinaire fermées par des rideaux ou de petites portes[10]. Elles sont ouvertes[9] le jour de la célébration d'une fête publique[8] ou d'un évènement familial comme l'élection au consultat du maître de maison[8] ou son acquittement dans un procès[8]. Les images sont exhibées lors des funérailles familiales[1]. L'image retirée de sa niche et est portée, en guise de masque, par un homme dont l'allure permet de représenter le défunt[7]. Ainsi, celui-ci prend place dans le cortège des ancêtres qui participent à la pompe funèbre (pompa funebris)[7].

L'image du magistrat défunt ne rester la propriété exclusive de ses descendants directs[3]. Elle est destinée à être dupliquée et répandue[3]. Ainsi, l'épouse apporte à sa nouvelle demeure les masques de ses propres ancêtres[3].

Notes et références

  1. a b c et d Badel 2022, p. 19.
  2. a et b De Giorgio et Ndiaye 2012, p. 398.
  3. a b c d et e Molinier-Arbo 2009, p. 88.
  4. Couhade-Beyneix 2017, p. 20.
  5. a b c d et e Badel 2022, p. 20.
  6. Galtier 2018, p. 284, n. 50.
  7. a b et c Galtier 2018, p. 284.
  8. a b c d e et f Molinier-Arbo 2009, p. 85.
  9. a b c et d Molinier-Arbo 2009, p. 86.
  10. Molinier-Arbo 2009, p. 85-86.

Bibliographie

  • [Badel 2022] Christophe Badel, « Une énigme juridique : le ius imaginis romain », dans Naïma Ghermani et Caroline Michel d'Annoville (dir.), Image et droit : du ius imaginis au droit à l'image, Rome, École française de Rome, coll. « Collection de l'École française de Rome » (no 599), , 1re éd., 417 p., 16 × 24 cm (ISBN 978-2-7283-1561-1, EAN 9782728315611, OCLC 1341843776, BNF 47213639, DOI 10.4000/books.efr.38685, SUDOC 263911780, présentation en ligne, lire en ligne), p. 19-28.
  • [Couhade-Beyneix 2017] Cynthia Couhade-Beyneix, « Réflexions sur la trahison et les proditores sous la République romaine », Droit et cultures, no 74 : « Trahison(s) »,‎ , p. 15-35 (OCLC 8081406794, DOI 10.4000/droitcultures.4234, S2CID 165345947, résumé, lire en ligne).
  • [Daguet-Gagey 2013] Anne Daguet-Gagey, « L'édilité de Cicéron », Revue des études anciennes, t. 115, no 1,‎ , p. 29-49 (OCLC 10173996178, DOI 10.3406/rea.2013.5813, HAL hal-03516965, lire en ligne).
  • [De Giorgio et Ndiaye 2012] Jean-Pierre De Giorgio et Émilia Ndiaye, « Figurer l'exil : Cicéron entre Histoire et histoire personnelle », dans François Guillaumont et Patrick Laurence (dir.), La présence de l'histoire dans l'épistolaire, Tours, PUFR, coll. « Perspectives littéraires / epistulae antiquae » (no 7), , 1re éd., 496 p., 14,5 × 21 cm (ISBN 978-2-86906-273-3, EAN 9782869062733, OCLC 798394890, BNF 42680600, DOI 10.4000/books.pufr.10688, S2CID 163030705, SUDOC 160557372, présentation en ligne, lire en ligne), chap. V (« L'épistolier et sa propre histoire »), p. 385-402.
  • [Galtier 2018] Fabrice Galtier, L'empreinte des morts : relations entre mort, mémoire et reconnaissance dans la Pharsale de Lucain, Paris, les Belles Lettres, coll. « Études anciennes / série latine » (no 82), , 1re éd., 423 p., 16 × 24 cm (ISBN 978-2-251-44826-8, EAN 9782251448268, OCLC 1044710013, BNF 45521799, DOI 10.4000/books.lesbelleslettres.4462, SUDOC 228734312, présentation en ligne, lire en ligne).
  • [Molinier-Arbo 2009] Agnès Molinier-Arbo, « Sous le regard du Père : les imagines maiorum à Rome à l'époque classique », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 35, no 1,‎ , p. 83-94 (OCLC 7293787712, DOI 10.3406/dha.2009.3094, S2CID 161366035, résumé, lire en ligne).
  • [Cicéron] Cicéron, Les supplices (OCLC nr98001644, BNF 12259847)
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