Cardinaux verts

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Les cardinaux verts sont les vingt-trois signataires de La Supplique aux évêques, lettre rendue publique par Le Figaro le .

Le surnom « cardinaux verts » est un sobriquet[1] donné aux signataires de la supplique, par référence à l'habit vert, car six d'entre eux sont membres de l'Académie française et cinq autres, membres de l'Institut de France[2]. La lettre est aussi connue comme La Supplique des cardinaux verts[3] et La Lettre des cardinaux verts.

Contexte

La lettre fait suite à l'encyclique Vehementer nos du , par laquelle le pape Pie X condamne la loi Briand de séparation des Églises et de l'État du , qui met fin au régime concordataire[4],[5].

Présentation

La lettre est adressée à l'épiscopat de l'Église catholique en France[6]. Elle l'invite à accepter la constitution d'associations cultuelles[6],[5].

La lettre est rédigée à l'initiative de Ferdinand Brunetière et par celui-ci[7]. Pour sa rédaction, Brunetière, directeur de la Revue des Deux Mondes, prend les conseils de Denys Cochin, député de la Seine, d'Henri Lorin, président des Semaines sociales de France, ainsi que de Georges Goyau et Paul Thureau-Dangin, tous deux historiens[8].

Ses vingt-trois signataires sont, outre Brunetière, Cochin, Lorin, Goyau et Thureau-Dangin : le prince Auguste d'Arenberg, André Aucoc, le comte Maurice de Caraman, Léonce de Curières de Castelnau, Léon Devin, Albert Gigot, le comte d'Haussonville, le comte Hilaire de Lacombe, Albert de Lapparent, Anatole Leroy-Beaulieu, Georges Picot, Edmond Rousse, Maurice Sabatier, Raymond Saleilles, le marquis de Ségur, Émile Senart, Albert Vandal et le marquis Melchior de Vogüé.

Six des signataires sont membres de l'Académie française, à savoir : Brunetière, Haussonville, Rousse, Thureau-Dangin, Vandal et Vogüé ; cinq autres signataires sont membres de l'Institut de France, à savoir : Arenberg, Lapparent, Leroy-Beaulieu, Picot et Senart.

Trois des signataires sont des parlementaires : Cochin, orléaniste, est député de la Seine[9] ; Curières de Castelnau, député de l'Aveyron, est président du groupe Action libérale[9] ; Caraman est député de Seine-et-Oise[9]. Trois autres des signataires sont d'anciens parlementaires : Arenberg, ancien député du Cher, est président de la Compagnie du Canal de Suez et vice-président du Jockey Club de Paris[10],[9] ; Haussonville et Ségur, tous deux anciens députés de Seine-et-Marne[9]. Ancien magistrat, Curières de Castelnau est avocat[9]. Devin, ancien bâtonnier du barreau de Paris, a plaidé pour le collège Stanislas et pour La Croix[9]. Gigot, ancien préfet de police de Paris, est président du conseil de fabrique de la paroisse Saint-Honoré-d'Eylau[9]. Saleilles est professeur à la faculté de droit de Paris et lié à Jules-Auguste Lemire et Eudoxe Irénée Mignot[9]. Aucoc est un joaillier[9].

Le , Julien de Narfon rend publique la lettre, contre le gré de ses signataires[11].

Suites

Si la lettre est reçue favorablement par la majorité des évêques français[6], elle déplaît à Rome[12]. Le , La Croix publie une note de l'Osservatore Romano dans laquelle la lettre est présentée comme une « initiative incorrecte »[12]. Les cardinaux verts ne sont pas suivis. Par l'encyclique Gravissimo officii munere du , Pie X refusera la création des associations cultuelles[6].

Notes et références

  1. Clark 1954, p. 208.
  2. Mayeur 1972, p. 207.
  3. Chantin 2004, p. 39.
  4. Fabre 2009, § 13, p. 138-139.
  5. a et b Rolland 2008, § 2.
  6. a b c et d Fabre 2009, § 13, p. 139.
  7. Fabre 2009, § 12, p. 138.
  8. Mayeur 2005, p. 161.
  9. a b c d e f g h i et j Mayeur 1972, p. 218.
  10. Mayeur 1972, p. 216.
  11. Rolland 2008, n. 8.
  12. a et b Mayeur 2005, p. 166.

Voir aussi

Texte intégral

  • [Narfon 1906] Julien de Narfon, « La Supplique aux évêques : texte intégral », Le Figaro, 3e série, vol. 52e année, no 85,‎ , p. 1, col. 6, et 2, col. 1 (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

  • [Chantin 2004] Jean-Pierre Chantin, Des « sectes » dans la France contemporaine, - : contestations ou innovations religieuses ?, Toulouse, Privat, coll. « Hommes et communautés », , 1re éd., 1 vol., 157, 24 cm (ISBN 2-7089-6855-6, EAN 9782708968554, OCLC 419635758, BNF 39239642, SUDOC 081246404, présentation en ligne, lire en ligne).
  • [Clark 1954] John G. Clark (préf. de Pierre Moreau), La pensée de Ferdinand Brunetière (texte remanié de la thèse doctorat ès lettres soutenue à Paris en ), Paris, Nizet, , 1re éd., 1 vol., 260, in-8o (19 cm) (OCLC 301619736, BNF 37429856, SUDOC 005998743, lire en ligne).
  • [Fabre 2009] Gérard Fabre, « Le conservatisme en habit vert : académiciens et élites francophones canadiennes au tournant du XXe siècle », dans Linda Cardinal et Jean-Michel Lacroix (dir.), Le conservatisme : le Canada et le Québec en contexte, Paris, Sorbonne Nouvelle, coll. « Monde anglophone », , 1 vol., 213, 21 cm (ISBN 978-2-87854-458-9, EAN 9782878544589, OCLC 496265365, BNF 42074849, SUDOC 138776881, présentation en ligne, lire en ligne), p. 133-144 (lire en ligne).
  • [Grondeux 2007] Jérôme Grondeux, Georges Goyau : un intellectuel catholique sous la IIIe République (-) (texte remanié de la thèse de doctorat en histoire, préparée sous la direction de Jean-Marie Mayeur, et soutenue à l'université Paris-IV – Sorbonne, en , sous le titre : Écrire et faire l'histoire : la pensée catholique sociale de Georges Goyau jusqu'en ), Rome, École française de Rome (diff. Paris, de Boccard), coll. « École française de Rome » (no 281), , 1re éd., 1 vol., IX-443, 24 cm (ISBN 978-2-7283-0749-4, OCLC 494637048, BNF 41280035, SUDOC 12487360X, présentation en ligne).
  • [Le Tourneau 2005] Dominique Le Tourneau, Les mots du christianisme : catholicisme, protestantisme, orthodoxie, Paris, Fayard, coll. « Bibliothèque de culture religieuse », , 1re éd., 1 vol., 742, 24 cm (ISBN 2-213-62195-0, EAN 9782213621951, OCLC 300396131, BNF 40083704, SUDOC 093969376, présentation en ligne), s.v.cardinaux verts.
  • [Mayeur 1972] Jean-Marie Mayeur, « Des catholiques libéraux devant la loi de séparation : les cardinaux verts », dans Marcel Pacaut, Jacques Gadille, Jean-Marie Mayeur et Hubert Beuve-Méry (préf.), Religion et politique ; [suivi de] les deux guerres mondiales [et de] histoire de Lyon et du Sud-Est : mélanges offerts à M. le doyen André Latreille, Lyon, Audin, coll. « Centre d'histoire du catholicisme » (no 10), , 1re éd., 1 vol., 624-[4], 24 cm (OCLC 77319498, BNF 35315703, SUDOC 00207480X), p. 204-224.
  • [Mayeur 2005] Jean-Marie Mayeur, La séparation des Églises et de l'État, Paris, L'Atelier, , 3e éd. (1re éd. Julliard, coll. « Archives », ), 1 vol., 255, 22 cm (ISBN 2-7082-3785-3, EAN 9782708237858, OCLC 491569477, BNF 39907468, SUDOC 083923519, présentation en ligne, lire en ligne).
  • [Rolland 2008] Patrice Rolland, « Un « cardinal vert » : Raymond Saleilles », Revue française d'histoire des idées politiques, no 28 : « Juristes catholiques : - »,‎ , p. 273-305 (DOI 10.3917/rfhip.028.0273, résumé, lire en ligne, consulté le ).
  • [Stéfanini 2007] Laurent Stéfanini, « Bruno neveu, le cardinal vert : un Français à la Cour pontificale », dans Jean-Louis Quantin et Jean-Claude Waquet, Papes, princes et savants dans l'Europe moderne : mélanges à la mémoire de Bruno Neveu, Genève, Droz (publié avec le concours de la Société d'étude du XVIIe siècle), coll. « École pratique des hautes études. Sciences historiques et philologiques / Hautes études médiévales et modernes » (no 90), , 1re éd., 1 vol., XII-441, 22 cm (ISBN 978-2-600-01125-9, EAN 9782600011259, OCLC 470942473, BNF 41348065, SUDOC 111315204, présentation en ligne), p. 399-406.

Articles connexes

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