Bataille de Saint-Hilaire-des-Landes

Bataille de Saint-Hilaire-des-Landes
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Église de Saint-Hilaire-des-Landes
Informations générales
Date
Lieu Saint-Hilaire-des-Landes
Issue Victoire des républicains
Belligérants
Républicains Chouans
Commandants
• Commandant de Visneux,
• Commandant Simon
• Joseph de Puisaye
Aimé Picquet du Boisguy
René Augustin de Chalus
Auguste Hay de Bonteville
• Jean de Saint-Gilles
Forces en présence
500 à 700 hommes[1] 3 000 hommes[2],[3]
Pertes
3 morts[1]
6 blessés[1]
42 morts[2]
60 blessés[2]

Chouannerie

Batailles

Données clés
Coordonnées 48° 21′ 08″ nord, 1° 21′ 24″ ouest
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La bataille de Saint-Hilaire-des-Landes opposa chouans et républicains pendant la Chouannerie. Le , le bourg fortifié de Saint-Hilaire-des-Landes est attaqué par les royalistes mais les défenseurs repoussent l'assaut.

Prélude

Les évènements de cet affrontements sont connus grâce aux mémoires du colonel chouan Toussaint du Breil de Pontbriand, et du rapport de l'officier républicain Simon, commandant de la garde nationale de Saint-Marc-le-Blanc. De plus le marquis de la Jaille, émigré, aide de camp de Joseph de Puisaye et officier au sein des Chevaliers catholiques, mentionne rapidement le combat dans une lettre adressée à sa femme à Londres.

Le , les communes patriotes du canton de Saint-Marc-le-Blanc sont prévenues de rassemblements de Chouans à Vendel, La Chapelle-Saint-Aubert, Romagné et Saint-Sauveur-des-Landes[1].

Le 19 avril, le général des chouans d'Ille-et-Vilaine, Aimé Picquet du Boisguy se met en route vers Saint-Christophe-de-Valains avec ses colonnes du Centre et Normande, fortes de plus de 1 500 hommes d'après Pontbriand[2], 1 800 hommes selon La Jaille[3]. Il laisse à Vendel, son second le colonel Auguste Hay de Bonteville avec 1 200 hommes[2].

Mais en passant à proximité du bourg patriote de Saint-Hilaire-des-Landes, à 5 heures du matin une avant-garde entre en contact avec les républicains aux avant-postes de la bourgade. Cette avant-garde est forte d'une cinquantaine d'hommes selon le commandant républicain Simon[1], et de 200 hommes commandés par Julien Saulcet, dit Duval, d'après le marquis de la Jaille[3]. Les gardes nationaux et les soldats de la garnison font une première sortie et repoussent les chouans. Cependant au bruit de la fusillade, le commandant Simon, chef de la garde nationale de Saint-Marc-le-Blanc envoie une centaine de ses hommes en renfort à Saint-Hilaire. Une seconde attaque a alors lieu à l'Est du bourg, mais une nouvelle sortie des bleus disperse les royalistes qui se réfugient à Saint-Sauveur-des-Landes. Un groupe de soldats républicains gagne ensuite le logement de l'un d'entre eux, une ferme située à l'écart du bourg, afin de déjeuner. Mais un escadron de cavalerie chouanne apparait et ouvre le feu sur les fenêtres et les portes de la ferme. Au bruit de cette nouvelle fusillade, la garnison fait une troisième sortie et parvient encore à repousser les chouans et à évacuer les habitants de la ferme[1], mais à ce moment Boisguy apparait avec toute sa troupe forte de plus 1 500 hommes et attaque en force[2]. Selon la Jaille, Duval tue un officier, un soldat et fait un prisonnier[3]. Totalement dépassés par le nombre, les républicains prennent la fuite vers le bourg de Saint-Hilaire-des-Landes, talonnés de près par les chouans, tant et si bien que ces derniers pénètrent dans le bourg en masse, presque en même temps que les républicains. Les patriotes ont à peine le temps de réagir et de se retrancher dans leurs fortifications que les royalistes se sont déjà rendus maîtres de la moitié du bourg[2].

La bataille

Combats à Saint-Hilaire-des-Landes

Boisguy n'avait initialement pas l'intention d'attaquer Saint-Hilaire-des-Landes, néanmoins, la moitié du bourg étant en son pouvoir, il tente de s'emparer de l'autre moitié. Il envoie un courrier sur Vendel pour demander à Bonteville de venir le rejoindre puis passe à l'attaque. Boisguy commande lui-même le flanc droit et le centre avec sa colonne de Fougères-Nord dite « Centre », tandis que Joseph de Puisaye, Jean de Saint-Gilles, dit « Du Guesclin », et Dauguet, dit « Fleur de Rose », dirigent le flanc gauche avec la colonne normande. Cependant, retranchés derrière les barrières et les postes fortifiés, les républicains défendent le terrain pied à pied[2]. Néanmoins, ils sont épuisés et à jeun et les chouans ont bon espoir de l'emporter lorsque des troupes issues des bourgs patriotes des alentours arriveront en renfort[1].

À Saint-Marc-le-Blanc, le commandant Simon a regroupé sous ses ordres 80 hommes venus de Saint-Christophe-de-Valains et du Tiercent, et rejoint Saint-Hilaire-des-Landes. 50 soldats de Baillé et une centaine d'autres venus de Rimou et de Vieux-Vy-sur-Couesnon arrivent également en renfort. Le commandant de Vinsneux, chef de la garnison de Saint-Hilaire-des-Landes, tente alors de lancer une contre-attaque. Il prend la tête de la colonne du centre, forte de 250 hommes et fait une sortie, mais dès la première décharge des chouans, il quitte sa troupe. Dans son rapport, Simon l'accuse d'avoir pris la fuite. Simon quitte alors le flanc gauche et prend la tête du centre afin de lancer une nouvelle attaque, pendant ce temps les garnisons de Rimou et de Vieux-Vy-sur-Couesnon, accompagnées de quelques hommes de Saint-Hilaire attaquent les chouans sur leur flanc gauche[1]. Au bout d'un quart d'heure, Puisaye et les Normands prennent la fuite et Jean de Saint-Gilles est blessé par une balle qui lui fracasse le bras. Boisguy ne se retrouve plus qu'avec 800 à 900 hommes dans le bourg, craignant d'être débordé, il ordonne la retraite. Les chouans reculent en bon ordre, poursuivis par les républicains[2].

Combats sur les landes de Landeumont et de Saint-Sauveur-des-Landes

Alors que les républicains et les chouans en retraite s'affrontent sur la lande de Landeumont, entre Saint-Hilaire-des-Landes et Saint-Sauveur-des-Landes, Boisguy apprend que Auguste Hay de Bonteville et René Augustin de Chalus viennent d'arriver en renfort avec les 1 200 hommes de la colonne de Fougères-Sud et se sont retranchés derrière les haies, au bout de la lande. Boisguy attire alors les républicains dans l'embuscade[2].

Mais à partir de ce moment les récits de Pontbriand et de Simon divergent et les deux camps cherchent à s'attribuer la victoire[4]. Selon Simon, les renforts chouans sont culbutés à leur tour, et l'armée de Boisguy est poursuivie jusqu'à Romagné, lieu où Simon arrêta la poursuite à cause de la fatigue de ses hommes[1]. D'après Pontbriand, les républicains sont stoppés par la décharge et les chouans, ralliés, lancent une contre-charge qui met en fuite les républicains qui sont poursuivis jusqu'au bourg de Saint-Hilaire-des-Landes[2]. La bataille se termine entre quatre et cinq heures de l'après-midi.

Forces en présence

D'après Pontbriand, les chouans étaient initialement plus de 1 500, renforcés à la fin du combat par les 1 200 hommes de Bonteville[2]. Selon le marquis de la Jaille, les royalistes étaient 1 800 au début de l'action[3]. Simon estime à 3 500, le nombre des chouans dès le début de l'attaque et le général républicain La Barollière, dans son rapport au ministère de la guerre, parle de 2 000 à 3 000 hommes[1].

Les effectifs totaux des républicains engagés dans la bataille ne sont pas connus avec précision. Selon Pontbriand, les républicains étaient 2 000 en tout, dont 1 200 hommes de renfort[2]. Pour le marquis de La Jaille, leur nombre était égal à celui des chouans[3]. Il semble que les deux camps aient eu tendance à surévaluer le nombre de leurs adversaires. Un recensement de juillet 1795, indique qu'à cette époque la garnison de Saint-Hilaire-des-Landes était forte de 150 hommes[5], mais ces effectifs pouvaient être augmentés depuis, ainsi à la même époque la garnison de Baillé était de 25 hommes, elle alignait 50 hommes à la bataille de Saint-Hilaire. Il convient aussi d'ajouter les civils patriotes qui inévitablement avaient dû prendre les armes; sans doute 100 hommes environ, voire 200. Saint-Hilaire reçut en renfort, 50 hommes de Baillé, 100 hommes de Saint-Marc-le-Blanc, 80 Saint-Christophe-de-Valains et du Tiercent et environ 100 de Rimou et de Vieux-Vy-sur-Couesnon[1]. Ce qui fait qu'environ 500 à 700 républicains au total ont pris part au combat.

Les pertes

Le marquis de la Jaille a combattu auprès de Puisaye, il porte les pertes des royalistes à seulement 10 blessés, dont 2 meurent le lendemain, mais peut-être n'évoque-t-il que les Chevaliers catholiques, les pertes républicaines sont selon lui de 30 morts et 60 blessés[3]. Les pertes des royalistes sont certainement plus nombreuses, Pontbriand donne les noms de 12 blessés graves et reconnait une perte totale de 42 morts et 60 blessés pour les chouans, il porte à 650 le nombre de républicains tués[2]. Du côté républicain, Simon parle de 3 morts et de 6 blessés républicains, contre environ 300 chouans tués. Dans son rapport, le général La Barollière parle d'une perte de 10 hommes et déclare ignorer le nombre de chouans tués, les morts et les blessés ayant été enlevés[1],[6].

Rapport du commandant Simon-Champrobert sur la bataille de Saint-Hilaire-des-Landes

« Le 29 germinal, sur les trois heures de l’après-midi, Simon, commandant du canton de Saint-Marc, reçut la nouvelle qu’il y avait un rassemblement général de chouans dans les communes de Vendel, la Chapelle-Saint-Aubert, Romagné et Saint-Sauveur-des-Landes. Ce qui lui fit présumer qu’ils attaqueraient le canton de Saint-Marc. En conséquence, il écrivit et fit partir des courriers aux cantonnements de Rimou et de Vieux-vy, avec invitation de se réunir le lendemain au bourg de Saint-Marc-le-Blanc, au grand matin.

La présomption du citoyen Simon ne fut pas vaine, puisque, dès les cinq heures et demie du 30 germinal, les chouans, au nombre de cinquante, attaquèrent les avant-postes du bourg de Saint-Hilaire. Le cantonnement de cette place, avec la garde nationale de cette commune, fit une sortie sur eux et les chassa au bourg de Saint-Sauveur-des-Landes. Les ayant perdus de vue, il rentra au bourg de Saint-Hilaire.

Le citoyen Simon avait entendu l’attaque des avant-postes de Saint-Hilaire, et la chasse qu’on avait donnée ; il fit, dès les premiers coups de fusils, partir un détachement de cent hommes aux ordres du sous-lieutenant du ci-devant régiment de Normandie, alors stationné à Saint-Marc ; c’était là toute la force disponible. Au moment où ce détachement entrait au bourg de Saint-Hilaire par son couchant, les chouans le bloquaient à son est. On fit une seconde sortie. On les chassa encore jusque de l’autre côté du bourg de Saint-Sauveur, où ils disparurent encore dans les landes.

Nos hommes de la seconde sortie rentrèrent au bourg de Saint-Hilaire, à la réserve d’une section de la garde territoriale et d’un volontaire, qui passant par une ferme (c’était le logement du volontaire), route faisant, y entrèrent pour prendre un morceau. Un escadron de cavalerie de chouans arrive à cette ferme, se présente devant la porte et ne cesse de faire feu dans la maison par les portes et fenêtres, crainte que les républicains ne se fussent présentés par ces issues pour se défendre. Le volontaire fut blessé au bras. Néanmoins, la garde territoriale fit tête. L’affaire se rengagea là de nouveau. Le bourg fit une troisième sortie pour secourir la garde territoriale et le volontaire, mais les chouans rassemblés, les colonnes de ‘’Chance’’ et de ‘’Fleur de Rose’’ s’étant jointe à eux, se trouvèrent au nombre de 3 500, forcèrent nos républicains à une prompte retraite et se trouvèrent presque avec eux aux barrières. Il y eut de nos gens qui furent forcés de les escalader.

Le commandant Simon, toujours inquiet sur la position de la place de Saint-Hilaire, lorsqu’il y eut un certain nombre de monde rassemblé à Saint-Marc, des communes du Tiercent et de Saint-Christophe-de-Valains qui sont du canton de Saint-Marc, fit une élite de quatre-vingt hommes, partit avec eux et se rendit au bourg de Saint-Hilaire. La garde nationale de Baillé et son petit cantonnement s’y étaient également rangés au moment où s’effectuait la troisième sortie. La place en fut fort heureuse parce qu’ils soutinrent le feu, pendant que la moitié de nos combattants qui n’en pouvaient plus, respiraient. Ils étaient mourants de besoin et d’une extrême fatigue. Ils étaient tous à jeun. Ce fut à ce moment que le feu s’alluma d’une vive force, lequel se fit entendre, comme tous les autres, au bourg de Saint-Marc. Les cantonnements de Rimou et de Vieux-vy arrivaient. Ils se mirent en route aussitôt accompagnés de guides, et se rendirent au bourg de Saint-Hilaire. Le commandant Simon fut les reconnaître, leur fit le rapport de l’état de la place, les fit passer à côté du bourg, de manière qu’arrivant en haut ils prirent les chouans par le flanc gauche.

Simon rentra dans le bourg et fit son rapport au commandant de la force armée de Saint-Hilaire ; il fut résolu de tenter une nouvelle sortie par peloton faisant feu de même. Ce commandant de la force armée, Vinsneux, se met à la tête de la colonne du centre composée de deux cent cinquante hommes. Mais elle resta bientôt sans commandant, car il rentra dès la première décharge. Cela n’est pas étonnant, il est noble.

Simon, qui était à commander le peloton de gauche, composé de soldats de Vinsneux, resta seul dans un jardin entouré de chouans, fut obligé, n’étant suivi de personne, de passer dans la rue, et se mit à la tête de la colonne du centre, qui n’était presque composée que de la garde nationale. Il la fait marcher par pelotons, la divise en tirailleurs et parvient à débloquer le bourg, à la faveur de la colonne de droite, composée, comme on l’a dit, des cantonnements de Rimou, Vieux-vy et de quelques gardes nationaux qu’on avait envoyés avec eux. Cette colonne fit un feu terrible.

Les chouans en déroute coururent jusque dans un bout de la lande de Landeumont, où ils se rallièrent et s’embusquèrent et d’où il fut très difficile de les déplacer. De là, on les mena dans les landes de Saint-Sauveur, d’une seule course, distante d’une lieue, où ils se rembusquèrent encore et se placèrent sur trois lignes. Là les feux de peloton et de file ne furent point encore épargnés et ce ne fut qu’à la bravoure de notre garde nationale du canton de Saint-Marc, en général, et en particulier à celle de Saint-Marc qui suivait partout leur commandant, s’exposant fort au péril, qu’on parvint à les déplacer. On les prit alors sur trois points : ils se trouvaient à découvert, leurs retranchements, composés de haies de terre et peu épaisses, furent bientôt rasés et les chouans se divisèrent en pelotons et on les perdit vers Romagné, allant du côté de Fougères.

Le commandant Simon avait une envie passionnée de les poursuivre encore, mais voyant la troupe excédée de fatigue et pour ainsi dire encore à jeun, il fit rappeler et ramener son monde au bourg de Saint-Hilaire, et y arriva sur les quatre heures de l’après-midi.

La perte des républicains fut de trois hommes et de six blessés. Celle des chouans est, suivant leur témoignage, d’environ trois cents et beaucoup de blessés[1]. »

— Simon-Champrobert

 
La bataille de Saint-Hilaire-des-Landes dans les mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

« Du Boisguy marchait sur Saint-Christophe et avait laissé Bonteville, avec sa seconde colonne, à Vendel. Il n’était pas à une demi-lieue de Saint-Christophe, quand il rencontra un corps de Républicains, fort de huit cents hommes, qu’il ne balança pas à attaquer. Il avait plus de quinze cents hommes. Il donna l’ordre à Saint-Gilles et à Dauguet de tourner l’ennemi avec les Normands, et lui-même l’attaqua de front avec sa colonne du Centre. Les Républicains firent d’abord bonne contenance et se battirent bien pendant une demi-heure ; mais Saint-Gilles, qui avait été obligé de faire un détour pour n’être pas aperçu de l’ennemi, l’ayant attaqué sur le flanc et menaçant de lui couper la retraite, le chef des Républicains voulut se retirer en ordre ; mais ses soldats se débandèrent et s’enfuirent du côté de Saint-Hilaire, dans le plus grand désordre. Ils furent poursuivis si vivement par Saint-Gilles, que celui-ci entra avec eux dans ce bourg, qui était assez bien fortifié. – Puisaye avait rejoint la colonne Normande pendant l’action et suivi Saint-Gilles dans la poursuite.

Du Boisguy arriva peu après, il n’avait pas l’intention de faire attaquer ce bourg, mais la moitié étant déjà au pouvoir des Royalistes, il essaya d’enlever le reste. Le combat devint très vif ; les Républicains défendaient le terrain pied à pied ; néanmoins, il avait l’espoir de l’emporter, lorsqu’une nouvelle troupe, forte de douze cents hommes, arriva. Un combat terrible s’engagea, mais au bout d’un quart d’heure la colonne Normande plia ; Puisaye fut un des premiers à s’enfuir, et, bientôt, toute cette troupe le suivit dans une déroute complète. Dans ce moment, le brave Saint-Gilles eut un bras cassé d’une balle. Du Boisguy, furieux de se voir ainsi abandonné par Puisaye et par ses Normands, fit placer Saint-Gilles sur son cheval et se retira peu à peu du bourg en combattant toujours, malgré la vigueur de la poursuite.

Quoiqu’il ne lui restât plus que huit ou neuf cents hommes, il conserva un peu d’ordre jusqu’à la lande de Landeumont, espérant toujours être secouru par Bonteville, à qui il avait envoyé l’ordre de venir le rejoindre dès le commencement de l’action. Il fut heureux d’apprendre qu’il était arrivé et déjà embusqué de l’autre côté de cette lande. Prenant sur-le-champ son parti, il donna l’ordre à Louvières de traverser rapidement la lande avec ses troupes, pour aller se reformer derrière Bonteville, et de rallier les Normands ; en même temps, il fit dire à Bonteville de ne pas bouger de sa position et qu’il se chargerait de lui amener l’ennemi dans son embuscade. Il ne garda avec lui que trois compagnies, avec lesquelles il fit tête aux Républicains, et, tantôt s’arrêtant, tantôt fuyant en combattant toujours, il les attira au centre de l’embuscade avec un plein succès. Ils vinrent en désordre recevoir la décharge de toute la colonne de Bonteville forte de douze cents hommes ; Chalus se précipita aussitôt sur eux à la baïonnette, et du Boisguy, ayant reparu avec la colonne de Louvières et une partie des Normands, les attaqua vigoureusement sur leur gauche, tellement qu’ils ne purent reformer leurs rangs et se trouvèrent enfoncés sur tous les points à la fois. En moins d’une heure, toute cette troupe prit la fuite dans le plus grand désordre et fut poursuivie jusqu’à Saint-Hilaire, où du Boisguy fit arrêter les siennes.

Les Républicains perdirent six cent cinquante hommes dans les trois combats de cette journée. Les Royalistes eurent quarante-deux hommes tués et plus de soixante blessés, entre autres : Pierre Tassier, lieutenant, de Bourg-Barré ; Jean Jourdan, lieutenant, de la Bazouge ; Jean Desrues, sous-lieutenant, de Louvigné-du-Désert ; Pierre Montembault, capitaine, de Laignelet ; Marie Machard, de Romagné ; Pierre Godard, de Laignelet ; Guillaume Battais, de Parigné ; Joseph Conneux, de Saint-Etienne ; François Cogé et le Marchand, de Saint-Germain ; Pierre Poujoly, de Montours ; Pierre Rancieux, de Parigné, assez grièvement.

Cette affaire, la dernière sérieuse qui ait eu lieu dans la division de Fougères pendant cette guerre, fit beaucoup d’honneur à du Boisguy. Engagé, sans le vouloir, dans l’attaque d’un bourg fortifié, il ne se laissa décourager ni par les nombreux renforts qui arrivèrent à l’ennemi, ni par la fuite honteuse de Puisaye avec la colonne Normande, ni par la blessure du brave Saint-Gilles. Il se retira, plus d’une lieue, en combattant toujours, avec huit cents hommes contre deux mille, et lorsqu’il fut assuré du secours de la seconde colonne, il tendit encore un piège à l’ennemi victorieux, sut l’attirer dans son embuscade et remporta enfin une victoire complète.

Bonteville, Chalus, Duval, Montembault, tous les officiers du Centre et de la Brutale, montrèrent une grande intrépidité, et ils reçurent de leurs chefs les éloges qu’ils avaient bien mérités.

Un chef de bataillon et six officiers républicains furent trouvés parmi les morts ; plusieurs autres, blessés, furent portés à Saint-Hilaire[2]. »

— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

 
Rapport du général La Barollière sur la bataille de Saint-Hilaire-des-Landes

« J’ai à vous rendre compte d’un combat qui a eu lieu le 19 de ce mois, à Saint-Hilaire-des-Landes, entre Fougères et Antrain. On fut averti, la veille, que les chouans s’assemblaient en grand nombre sur la commune de Saint-Etienne ; les cantonnements voisins, occupés par de petits détachements, se tinrent sur leurs gardes, ainsi que la garde nationale du pays.

Le 19, à six heures du matin, l’ennemi, au nombre de deux à trois mille hommes, vient attaquer les retranchements du poste de Saint-Hilaire. Cinquante hommes du cantonnement de Baillé et les patriotes voisins accourent au secours. Le poste fait une sortie, met les chouans en fuite et les poursuit jusqu’à Saint-Sauveur. Un nouveau secours arrive.

L’affaire paraissait terminée, lorsque les chouans se présentent de nouveau en plus grand nombre et ayant trois drapeaux blancs et de la cavalerie. L’ennemi était presque dans les retranchements, ayant brûlé une maison auprès de la barrière, lorsqu’un nouveau secours de cinquante hommes arrive. On bat la charge, l’ennemi est ensuite repoussé jusqu’à Saint-Sauveur, ensuite mis en déroute et poursuivi jusqu’à Romagné. Notre perte est de dix hommes. Celle de l’ennemi n’est pas connue, les morts et les blessés ayant été enlevés[1]. »

— Jacques Marguerite Pilotte de La Barollière, rapport adressé au ministre de la guerre

 
Lettre du marquis de La Jaille sur la bataille de Saint-Hilaire-des-Landes

« Le dix-neuf de ce mois, le valeureux Duval, dont Boisberthelot t’a sis souvent parlé, attaqua, avec deux cents hommes, les républicains qui étaient sortis le matin de Saint-Hilaire-des-Landes. Il tua un officier, un soldat, fit un prisonnier, et chassa l’ennemi dans ses cantonnements. Nous passâmes au même endroit avec une colonne de dix-huit cents hommes. Les ennemis, en nombre égal, s’étaient avancés entre Saint-Hilaire et Saint-Sauveur : Boisguy fut les reconnaître, et les fit attaquer par ses tirailleurs. Pendant quelque temps, on se borna de part et d’autre aux embuscades ; nos chasseurs parvinrent à débusquer l’ennemi, qui se retira dans ses retranchements avec perte de trente hommes et de soixante blessés. Nous ne perdîmes personne dans la bataille : nous eûmes dix blessés dont deux moururent le lendemain. Le brave chevalier de Saint-Gilles eut le bras cassé ; mais il est hors de danger. J’étais à cheval avec cinq ou six autres à côté du général ; des tirailleurs se glissèrent le long d’un fossé, et nous firent un feu de file assez intéressant, mais ils ne blessèrent ni hommes ni chevaux[3]. »

— Lettre du marquis de La Jaille écrite à sa femme, le 28 avril 1796.

 

Bibliographie

  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, édition Plon, Paris, (réimpr. Y. Salmon, 1988), p. 386-389.
  • Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, , p. 252-255.
  • Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , p. 534-539.
  • Marie-Paul du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, édition Honoré Champion, Paris, (réimpr. La Découvrance, 1994), p. 340-346.
  • Pierre Olivier D'Argens, Memoires d'Olivier D'Argens et Correspondances des Generaux Charette, Stofflet, Puisaye, D'Autichamps, Frotté, Cormatin, Botherel, de l'abbé Bernier et de plusieurs autres chefs..., Ladvocat Librairie, ,1 p. 537-538.
  • Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. VI, Paris, Baudoin Frères, Libraires-éditeurs, , 360 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Références

  1. a b c d e f g h i j k l m et n Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie, p. 252-255.
  2. a b c d e f g h i j k l m n et o Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, p. 386-389.
  3. a b c d e f g et h Pierre Olivier D'Argens, Mémoires d'Olivier D'Argens et Correspondances des Generaux, p. 537-538.
  4. Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, p. 534-539.
  5. Théodore Lemas, p. 180.
  6. Savary, t. VI, 1827, p. 292-293.
v · m
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